On fait dériver le mot “tahtib” de “hatab”, qui signifie “bois de chauffage”. De là à imaginer que cette pratique ludique et sportive est synonyme de l’art et de la manière de faire comprendre à son adversaire “de quel bois on se chauffe”, il n’y a qu’un pas que nous ne franchirons pas ! Elle porte d’ailleurs une appellation plus complète qui nous ramènerait au besoin sur la bonne voie : “fann al-nazaha wa-l-tahtib”, “l’art de la pureté de coeur et du bâton”. Autrement dit, les mauvaises intentions ou la volonté de faire mal à l’autre jouteur iraient à l’encontre de l’esprit même du tahtib et seraient immédiatement sanctionnées par le public dont le rôle est de rythmer l’évolution des acteurs et de les arbitrer lorsqu’ils évoluent dans un mauvais esprit, en trichant ou en affichant une agressivité exagérée.
Alors que, jusqu’au XIXe siècle, les jouteurs se défiaient avec des armes en bois “suffisamment solides pour casser un os”, l’issue du combat sanglant étant parfois la mort, aujourd’hui, le bâton de tahtib est fabriqué en fibre de rotin, une tige creuse provenant d’Asie du Sud-Est, pour éviter les blessures.
“Le jeu consiste à passer la garde pour porter une attaque, ou dans la terminologie égyptienne, passer “la porte” (al-bâb). Le vainqueur est le premier qui touche (effleure) la tête de son adversaire. Le combat se traduit par des moments d'extrême excitation suivie par une inquiétante immobilité où les adversaires s'épient et se jaugent en attendant la faiblesse ou le moment propice. Pendant les joutes, il n'est pas question de blesser son adversaire, les contacts sont symboliques ; ici, il ne s'agit pas de frapper réellement, mais de simuler un combat (tout est dans la technique et la concentration).” (arts-et-jeux-de-combats.fr)
Devenu
à la fois chorégraphie, activité sportive et distraction festive, le
tahtib puise ses origines dans l’époque pharaonique. On en trouve,
précise le site internet tahtib.com, d’ “innombrables traces
(gravures et dessins) laissés sur les parois des tombes de l’ancienne
Égypte, depuis l’Ancien Empire jusqu’à l’arrivée d’Alexandre le Grand en
Égypte. (...) Les codes du tahtib s’établissent vers 3200 av. J.-C.,
comme l’ont montré les fouilles menées par le célèbre égyptologue Zahi
Hawass dans la région d’Abou Sir (...).” Les gravures qui y sont
découvertes présentent le tahtib parmi d’autres activités sportives,
mettant en scène des instructeurs et leurs jeunes élèves.
Le tahtib, rappelle la même source, “figure autant sur les parois des pyramides royales que celles de nombreuses tombes. (Il) n’était donc pas réservé à une classe sociale spécifique, mais partagé par tous. (...) (Il) traverse sans rupture l’histoire de l’Égypte. Ses représentations datant du Moyen Empire concernent des soldats à l’entraînement. Elles sont visibles sur les murs des tombes de Moyenne Égypte dans la nécropole de Beni Hassan dans la région de Minya. À la même époque, une autre forme de combat au bâton apparaît, celle du bâton court avec des codes différents de ceux du tahtib. Les représentations du tahtib se poursuivent dans le Nouvel Empire, notamment sur les murs des tombes à Louxor et celles de Saqqara. À cette époque, le tahtib devient aussi démonstratif. Avec des pas et des gestes “dansés”, il a une intention festive pour les spectateurs comme c’est encore le cas aujourd’hui en Haute-Égypte.”
Le tahtib, rappelle la même source, “figure autant sur les parois des pyramides royales que celles de nombreuses tombes. (Il) n’était donc pas réservé à une classe sociale spécifique, mais partagé par tous. (...) (Il) traverse sans rupture l’histoire de l’Égypte. Ses représentations datant du Moyen Empire concernent des soldats à l’entraînement. Elles sont visibles sur les murs des tombes de Moyenne Égypte dans la nécropole de Beni Hassan dans la région de Minya. À la même époque, une autre forme de combat au bâton apparaît, celle du bâton court avec des codes différents de ceux du tahtib. Les représentations du tahtib se poursuivent dans le Nouvel Empire, notamment sur les murs des tombes à Louxor et celles de Saqqara. À cette époque, le tahtib devient aussi démonstratif. Avec des pas et des gestes “dansés”, il a une intention festive pour les spectateurs comme c’est encore le cas aujourd’hui en Haute-Égypte.”
Art “martial”, au même titre que le tir à l’arc et la lutte, le tahtib
l’est en réalité dans sa première expression, puisqu’il a été inventé et
codifié pour exercer au combat les soldats royaux de l’ancienne Égypte,
en leur apprenant comment se protéger contre un coup de bâton ou
atteindre la tête de l’adversaire sans perdre son temps à taper sur le
bâton ou ailleurs. Puis, au fil des siècles, les paysans et les bergers
s’approprient cette pratique militaire pour la transformer en “jeu de
défis” et en activité festive, accompagnée de danses et de musique
traditionnelle, dans les villages de la vallée du Nil.
Cette distraction, longtemps reléguée au rang de folklore pour les
mariages, les mawlids ou autres festivités populaires, est aujourd’hui à
nouveau réhabilitée comme un véritable art martial, grâce à quelques
passionnés, dont le franco-égyptien Adel Paul Boulad, fondateur de
l’association Seiza. Ainsi, “après sept ans de gestation et de
planification animées par Adel Paul Boulad et ses équipes en Égypte et
en France, Modern Tahtib est né le 6 Mars 2014. Modern Tahtib est une
discipline martiale pratiquée au bâton : combats, rythmes et
enchaînements.” L’association Seiza développe cette discipline
sportive en liaison avec le Centre “Art du Bâton et Tahtib - Medhat
Fawzi” de Mallawi en Haute-Égypte.
Les instructeurs du Centre
Medhat Fawzi et de l’association Seiza mettent en avant la double
dimension - ludique et formatrice - du Modern Tahtib. En 2010, ils
réalisent, en première mondiale, une démonstration au Festival
International des Arts Martiaux à Paris, ainsi qu’un premier stage
international en Égypte. En 2011, ils forment cinq écoles au Caire et
organisent le premier tournoi interscolaire du tahtib. Actuellement, ils
travaillent à la création en Égypte de l’Académie du Tahtib, dont la
mission sera le développement artistique de l’activité, sa promotion et
la formation d’instructeurs. Pour conforter de telles initiatives,
l’Égypte a déposé un dossier de candidature auprès de l’Unesco pour
faire reconnaître cette discipline comme patrimoine culturel immatériel.
“Quand on a un bâton dans la main, précise Adel Paul Boulad, la
première chose qu’on apprend, c’est à respecter l’autre et à se
respecter. Avec la percussion, on apprend de surcroît à entrer en
harmonie avec les autres. (...) La codification de cet art écarte la
violence. On transforme des principes guerriers en principe de
développement de soi par le biais d’un art martial. Au cœur de
l’opération, il y a le respect.”
Tout “martial” qu’il est, le
tahtib est “porteur de valeurs sociales et éducatives universelles”.
Une valeur d’exemplarité que l’on doit à l’Égypte !
article publié dans "égyptophile" : voir ICI
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