mercredi 10 octobre 2018

bokra


Bokra : un mot passe-partout. Un mot plein de sous-entendus, qui peut, sous des airs de politesse, servir de paravent à tout engagement solide, à toute promesse.

Le Dictionnaire arabe-français de Kazimirski (1860) donne du mot bukra la définition suivante : “Aube du jour, grand matin”.

Aujourd’hui, dans le parler égyptien, souvent accompagné de la formule rituelle “in châ’ Allah”, il signifie “demain”. 

Mais la portée de ce mot peut aussi être plus floue : “À une demande qui lui est faite, écrit Robert Solé dans son Dictionnaire amoureux de l’Égypte (Plon, 2001), un Égyptien pourra répondre bokra (demain). Pourquoi ne pas remettre à demain ce qu’on n’est pas obligé de faire aujourd’hui ? C’est aussi une manière de renvoyer une affaire aux calendes grecques : bokra peut signifier ‘jamais’.”

Une variante du mot est courante en Égypte : “bokra fî l-meshmesh”, littéralement “Demain dans l’abricot”. Autrement dit : Quand les poules auront des dents ! 

Se substituant à un “non” franc et direct, mettant fin à toute négociation, cette formule laissant planer un très vague et souvent illusoire espoir de satisfaction à une requête est une illustration de l’“adab” (bonne éducation, politesse, civilité) par laquelle la civilisation égyptienne traduit sa singularité.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire