vendredi 5 octobre 2018

karkadé

cliché Bigstock, via "L'Orient le Jour"
En mai 2016, recevant une délégation chinoise, le ministre du Tourisme égyptien a déclaré, en guise d’attrait supplémentaire aux charmes touristiques de son pays : “Nous avons du karkadé : c’est sain et très utile !
Sain et très utile ? Cette “boisson rouge” fait en effet partie, sans doute à de très rares exceptions près, des goûts et des couleurs dont on ne discute pas en Égypte, si ce n’est pour en apprécier les qualités désaltérantes, voire les vertus médicinales, ou encore la saveur dans certains desserts, comme la "mehallabeya" (un genre de pudding au lait) ou le cake.
À quelle période le karkadé a-t-il fait son apparition en Égypte ? Les pages d’histoire que nous avons consultées restent muettes sur le sujet. Selon certaines sources, le karkadé serait originaire d’Inde et de Malaisie et aurait ensuite fait son apparition dans les régions tropicales et subtropicales. D’autres sources, par contre, lient son origine, par la plante qui sert à sa fabrication - l’hibiscus sabdariffa -, à certains pays d’Afrique occidentale et centrale, entre autres le Soudan où cette plante “pourrait avoir été domestiquée il y a environ 6.000 ans”. (Wikipédia)
 
Dans ces pays africains, l’hibiscus sabdariffa prend le nom de “roselle” et ses “produits dérivés” reçoivent eux aussi, outre des applications diverses en cuisine, pharmacopée ou cosmétique, des appellations spécifiques : le “bëkëj”, condiment pour le riz au Sénégal, le “bissap” au Sénégal ou le “da bilenni” en Côte d’Ivoire, au Mali, au Burkina Faso, comme jus réfrigéré ou congelé, le “sorrel meat” ou “viande d’oseille” au Niger où l’on fait fermenter les graines de la plante pour confectionner des galettes… 
Cultivé également en Thaïlande, en Inde, en Chine, au Mexique, en Jamaïque…, pour ses fibres longues non lignifiées, de type jute, l’hibiscus sabdariffa ne doit pas être confondu avec les nombreuses autres espèces d’hibiscus. Il est la seule espèce de cette famille de plantes à posséder des propriétés à la fois décoratives, culinaires et médicinales.
Restons sur les rives du Nil pour faire plus ample connaissance. L’hibiscus sabdariffa, d’un port buissonnant, a la particularité d'avoir un calice (ou calicule) qui devient charnu pour se transformer en fruit, d’une belle couleur rouge vif, à la chute des fleurs. Cet organe, le calice, et les quelques bractées l'entourant à la base, sont récoltés, puis séchés pour être utilisés dans la fabrication d’une infusion d'un rouge écarlate “très appétissant” : le célèbre karkadé !
Comment préparer cette onctueuse boisson ? Comme sous toutes les latitudes, il doit y avoir autant de recettes - et de secrets qui vont avec ! - que de foyers en Égypte. Globalement, “rien de plus simple” précise le présentateur de l’émission télévisée “al-matbakh al-’arabî”. Mais encore ? Voici ce que nous lisons sur le site internet “Marmiton” : temps de préparation : 20 minutes ; temps de cuisson : 0 minute. Ingrédients (pour 1 litre) : 6 cuillères à soupe de fleurs d'hibiscus (séchées), 1 litre d'eau bouillante, sucre (selon goût). “Dans une théière préchauffée, placez trois poignées de fleurs d'hibiscus séchées, versez par dessus l'eau bouillante, sucrez et laissez infuser 15 mn au minimum. Passez le liquide au chinois afin d'en retirer les fleurs. Transvasez dans un flacon et mettez au frais.
Nous aurions mauvaise grâce à qualifier de “tisane” une telle décoction riche en potassium, sodium, magnésium, fer, zinc, calcium. Un article de “L’Orient le Jour”, à la signature de Marc Beyrouthy, chef du département des sciences agronomiques à la faculté des sciences agronomiques et alimentaires de l'Université Saint-Esprit de Kaslik (Liban), apporte les précisions suivantes (nous laissons évidemment à l’auteur l’entière responsabilité de ses affirmations) : “(Le karkadé) possède de nombreuses propriétés notamment diurétique, tonique, anti-fatigue, drainante et amincissante. Elle aide également à lutter contre les infections urinaires. Les fleurs du karkadé aident à soulager les douleurs menstruelles. Le karkadé est toutefois réputé pour ses capacités à diminuer la pression artérielle et le taux du mauvais cholestérol dans le sang. À fortes doses (plus que trois tisanes par jour) et usage prolongé (plus d'un mois), le karkadé peut causer des hypotensions. Il est conseillé donc d'en consommer avec modération. À signaler que cette tisane est déconseillée aux personnes souffrant de maladies cardiaques.
Et ce ne sont là que quelques-unes des supposées ou réelles vertus médicinales du karkadé ! Alors, tant qu’à nous soumettre à un hypothétique bilan de santé en nous administrant cette potion à la fois “saine et utile”, pour reprendre les termes d’un communiqué ministériel officiel, nous préférons plus simplement la déguster telle qu’elle nous est offerte par la traditionnelle et éternelle hospitalité des fils du Nil, prenant le temps de faire nôtre le bien-vivre à l’égyptienne !


cet article a été publié dans "égyptophile" : voir ICI

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