jeudi 4 octobre 2018

felouque


D’où vient la felouque qui sillonne avec grâce les eaux du Nil, et sans laquelle l’Égypte serait amputée d’une partie d’elle-même ? À quels temps anciens remonte son histoire ? Quelle est l’origine de son nom ?
Il faut admettre que les hypothèses sont de mise, le flou demeurant sur une histoire qui reste à écrire…
Tout d’abord, une déconvenue au cas où l’on penserait que la felouque est une spécificité du patrimoine égyptien. Certes, on peut penser que “la felouque du Nil est un dérivé des anciennes barges égyptiennes, celles notamment qui transportaient les blocs de pierre des grands monuments. C'est donc une descendance d'un navire très ancien dont les fondamentaux n'ont guère changé...” (navistory)
Par contre, il est certain que cette embarcation n’était pas autrefois exclusivement nilotique, mais qu’elle empruntait également les routes de la Méditerranée, armée soit pour le transport de marchandises, soit pour la guerre. Il y avait ainsi des felouques corses, génoises, “barbaresques”, napolitaines, siciliennes, algériennes, espagnoles… et égyptiennes. Il s’agissait de “petits bâtiments de forme effilée, marchant à la voile et à la rame”.
La felouque est ainsi présentée par “L’Encyclopédie des gens du monde” (1838) : “Felouque, petit bâtiment de la famille des galères, fort en usage autrefois dans la mer Méditerranée. Pantero-Pantera, parlant des felouques et des castadelles, dit qu’elles ne sont pas couvertes, qu’elles portent de six à dix rames (trois ou cinq de chaque bord), et qu’elles se servent d’une seule voile. Ce sont, ajoute le capitaine Pantero, des navires très fins et très vites à la course. Cette description, qui convenait aux felouques du XVIe siècle, ne s’applique pas tout à fait à celles du XVIIIe ; on fit des felouques plus grandes à cette époque (...). Au XVIIIe siècle, on voit la felouque avoir jusqu’à 12 rames par chaque bande, deux mâts, deux voiles latines, deux petits canons sur l’avant, et 32 pierriers montés sur chadeliers.
Mais revenons à notre felouque nilotique ! “Actuellement, (elle est très prisée) par les touristes pour effectuer des promenades au cœur même de l’Égypte. (...) Bateau de 8 m à 14 m de longueur et 3 m de largeur, elle est construite aujourd’hui en fer. L’acier a remplacé le bois pour le transport de pierres, de briques, de poteries, de matériaux de construction, voire d’animaux, et les techniques traditionnelles ont tendance à disparaître sauf pour les felouques de plaisance. (Celles-ci) sont la propriété des felouquiers d’Assouan et de Louxor et d’origine nubienne. Très présentes à Assouan, elles sont un excellent moyen d’accéder à l’île Eléphantine et aux villages nubiens.” (www.bateauxbois.fr/)
Quant à la terminologie utilisée au cours des siècles pour ce type de bateau, et donc à l’étymologie du mot actuel “felouque”, elles font l’objet d’un beau chassé-croisé de suppositions toutes aussi plausibles, au demeurant, les unes que les autres. Au hasard de notre inventaire : “falûwa” (arabe, signifiant “pouliche, petit navire de charge” - 1370), “flouque” (1544), “faluca” (catalan - 1561), “falua” (espagnol - 1582)...
En fin de compte, conclut provisoirement Abdelmajid El-Houssi au terme d’une étude très savante, s’il est raisonnable d’avancer aujourd’hui que ‘felouque’ est un emprunt du roman à un mot arabe de type FLK par le canal probable de l’Italie, il reste encore beaucoup à faire pour trancher sur la formation du mot arabe lui-même.” (selefa.asso.fr)
Un dernier point d’interrogation : nous restons dans la brume concernant les techniques appliquées par les anciens Égyptiens pour construire leurs felouques, si ce n’est qu’ils fabriquaient sans doute en premier lieu des “moules” en roseaux recouverts d’une toile goudronnée sur laquelle ils disposaient les planches servant de structure à la future embarcation. Mais “quelle que soit la façon dont le bateau était construit, une chose était sûre : les felouques étaient l'élément le plus spectaculaire de l'ingénierie à l'époque.” (Raunekk, “Bright Hub Engineering”)


Cet article a d'abord été publié sur "égyptophile" : voir ICI

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